Samedi 1er Septembre 2018
Ce n’est un secret pour personne que la période HIStory reste ma préférée de la carrière de Michael Jackson, autant d’un point de vue musical que pour les nombreux souvenirs qui s’y rapportent. L’album « Brotherhood » des 3T en fait incontestablement partie, d’autant qu’il a contribué à cette dernière promotion d’envergure que ne connaitra plus jamais le Roi de la Pop pour un opus.
Comme beaucoup de fans, je n’avais pas résisté à ce fameux sticker « Une production Michael Jackson », annonçant que le premier album des 3T était produit par leur oncle sous le label MJJ Music. Un effet marketing très efficace, croyez-moi, surtout lorsqu’on a 17 ans !
Il faut savoir que l’un de mes loisirs favoris en 1995 était de lire le magazine Black & White. C’est ainsi que j’avais eu vent du projet d’album de Taj, TJ et Taryll, les garçons de Tito : je ne soupçonnais pas que le succès allait être à ce point au rendez-vous, et que cette news faisait partie intégrante de cette fabuleuse période qui serait finalement, pour moi, la plus belle.
Je repense bien évidemment aux singles « Why » et « I Need You » avec la participation de leur Uncle Doodoo (comme le surnommaient si bien ses neveux), à l’image du vidéo-clip du premier cité, tourné durant l’été 1996 à la même période que celui de « Stranger In Moscow ».
Ces souvenirs de cette période 1996/1997 étaient enfouis en moi et je n’imaginais pas qu’ils referaient surface en 2018, mais c’était sans compter sur l’annonce du retour des 3T sur scène à Paris, plus de vingt ans après leur dernière tournée en France.
Je n’avais pas assisté au Brotherhood Tour à l’époque, et voilà peut-être l’occasion de découvrir ce groupe sous une autre facette, forcément différente des albums et des vidéos-clips. Avouons-le, les 3T sont apparus au cours d’une décennie où les Boys Bands furent nombreux, et on peut aisément les classer dans cette catégorie. Il suffit juste pour le commun des mortels (dont je ne fais pas partie !) d’un brin de méconnaissance du sujet avec un zeste de préjugés. Sauf que la scène est un lieu où on ne peut faire illusion, et c’est ainsi que j’avais cette curiosité de les découvrir en chair et en os, autrement que dans mes souvenirs de fan du Roi de la Pop rêvassant pour embellir mon quotidien d’adolescent.
C’est ainsi que je me dirige ce 1er septembre 2018 vers cette salle de La Cigale que je ne connais pas, à quelques pas de l’Elysée-Montmartre, autre lieu de concerts parisiens. Une file d’attente est déjà en place pour le Meet & Greet qui se tiendra à 18 heures avant le concert. Dans cette foule qui commence à s’amasser, je distingue quelques connaissances dont des camarades de la gente masculine ! Non, je ne serai pas son seul représentant ce soir, même s’il faut avouer que l’affluence est majoritairement féminine. C’est dans ce contexte que Rachel de Warrior Prod m’accueille et me donne le précieux sésame : un bracelet rouge qui me permettra de voir les fils de Tito avant le show pour une dédicace et une photo-souvenir, non sans repartir ensuite avec quelques goodies (dont un mug 3T qui donnera à mes tisanes une saveur particulière !). L’occasion de remercier Rachel et toute l’équipe de Warrior Prod pour l’organisation de ce Meet & Greet.
Par chance, je suis dans un premier groupe d’une vingtaine de personnes qui profite de l’ouverture des portes pour se diriger vers une salle annexe de La Cigale. Taj, TJ et Taryll sont bien là, installés à leur table pour dédicacer des objets. C’est alors que je m’aperçois que mes petits camarades ont été répartis dans d’autres groupes, et que je suis donc bien l’unique représentant masculin, au risque d’être le seul à ne pas faire la bise, ni demander un câlin, et de décevoir mes futurs nouveaux amis américains ! Ainsi, dans cette file d’attente, je ressens beaucoup d’excitation et aussi une pointe de stress. J’aimerais détendre l’atmosphère et préciser que ces trois hommes sont quadragénaires et pères de famille responsables, mais je n’ose le dire qu’au garde du corps présent sur place… Parfois, dans certaines situations, on a des doutes sur son propre humour…
Un peu de sérieux car c’est mon tour ! Pour commencer, de bonnes poignées de main (bien viriles, enfin entre hommes !) avant d’offrir à chacun un exemplaire en anglais de mon livre « Let’s Make HIStory ». J’en profite pour leur expliquer mon affection pour la période liée à ce double album, et leur dire qu’à mes yeux ils en font partie intégrante, sans oublier de leur raconter que je viens d’offrir un exemplaire à leur père quelques semaines auparavant au soir d’un concert en Espagne. Des fois que le livre devienne un sujet de discussion lors d’un barbecue de la famille Jackson, un dimanche à Calabasas… (J’ai oublié de leur dire que Jermaine l’avait en double… Arf…) Toutefois, j’ai la bonne surprise d’apprendre que Taj avait déjà connaissance de l’existence de mon ouvrage, et je leur souhaite à chacun une bonne lecture. Ce dernier prend même le livre avec lui pour notre photo souvenir sans que j’ai le besoin de demander. Ils semblent même avoir retenu mon prénom : il est vrai que je porte le même que celui d’un des fils de Taryll. Je les remercie pour ce bel échange, non sans une énième poignée de main à chacun, et c’est ainsi que je me dirige fièrement vers le devant de la scène avec mon maxi vinyle de « Why » dédicacé.
Et maintenant place au show ! Le rideau rouge est encore fermé mais les premières notes de « Heartbreak Hotel » des Jacksons permettent de pressentir que l’arrivée sur scène des frères est imminente. Une façon d’annoncer la couleur : les codes et clins d’oeil jacksoniens seront de rigueur ce soir ! L’ouverture du rideau confirme cette première impression car c’est avec vestes à paillettes façon « Billie Jean » et autres Ray-Ban que le groupe fait son entrée face à une foule en délire, au point de risquer de ne pas reconnaitre « Party Tonight », bien nommée en cette circonstance. L’occasion de remarquer que Taj, Taryll et TJ sont accompagnés de quatre musiciens dans le but d’offrir une performance intégralement en direct et de qualité.
Cet extrait du second album « Identity » n’est pas le seul à être représenté ce soir puisque « Sex Appeal », « Stuck On You » et « Someone To love » sont également au programme. Il s’agit donc bien là d’un show revenant sur la discographie complète du groupe. Il est vrai qu’il aurait pu sembler facile de vouloir surfer en priorité sur cette période faste qu’étaient les années 90. Loin de là, et c’est pour moi l’occasion de me replonger au milieu de ces années 2000, dans ce climat plus propice pour apprécier ces titres aujourd’hui. Autant « Brotherhood » est paru dans les plus belles années de ma vie de fan, autant la période liée à « Identity » a été pour moi la plus délicate et la plus difficile à vivre. Sans renier la qualité des chansons, parfois les souvenirs et le contexte d’une époque contribuent au fait de les savourer pleinement. Et je fais ce dur constat de réaliser que les deux premiers albums des 3T sont parus dans des périodes aux contextes totalement opposés et que cela peut en affecter ma perception, même si cela reste un sentiment personnel.
Le dernier album « Chapter III », paru en 2015, n’est pas mis de côté non plus et démontre cette volonté de ne pas bloquer le regard sur le rétroviseur pour mieux aller de l’avant. Les ambassadeurs du soir sont les titres « Gotta Have You », « Forever Girl », ainsi que « Fire », et ils confirment les valeurs qui ont toujours accompagné le parcours des trois frangins : un partage des rôles équitable au niveau du chant, où chacun contribue à l’unité de la formation, avec une production et des compositions réalisées de façon autonome par les fils de Tito, comme pour mieux démontrer une maturité artistique désormais assumée.
Toutefois, cela ne les empêche pas d’assumer ce statut de nouvelle génération de la famille Jackson, fière de porter ce nom et prête à reprendre le flambeau du père et des oncles. Et parmi tous les petits-enfants de Katherine et Joseph Jackson, les 3T semblent les plus légitimes à tenir ce rôle. D’autres cousins et cousines sont actifs dans les domaines de l’art et de la musique, mais d’un point de vue artistique, ils restent ceux qui ont collaboré de façon marquante avec le Roi de la Pop, non sans une complicité et une grande proximité avec leur « Uncle DooDoo » !
Tout cela se ressent encore sur scène en 2018 ! C’est sous la rythmique de « Don’t Stop ’Til You Get Enough » que Taryll monopolise le devant de la scène pour interpréter « Sex Appeal ». Le tube de l’album « Off The Wall » finit cependant par prendre le dessus à l’image des musiciens rejouant fidèlement le pont ainsi que quelques « Don’t Stop » et « Keep The Force » aux micros !
Tout cela n’était qu’un avant-goût car ce mélange d’ingrédients digne des meilleures cuisines jacksoniennes va présenter une autre nouvelle recette. Les 3T reprennent ainsi leur shaker pour nous offrir les paroles de « Gotta Be You » sous les sonorités de « Jam ». C’est un plaisir de réentendre l’extrait de « Brotherhood » qui avait eu droit à son single et à son clip vidéo. C’était également, à l’époque, l’occasion pour le grand public de constater que l’univers des 3T ne se limitait pas aux ballades et pouvait également exceller dans des titres up-tempo. Contrairement à la version précédente, « Gotta Be You » et « Jam » semblent se partager cette performance de façon équitable. C’est sans compter sur Taryll qui reproduit agréablement le rap d’Heavy D à la place de celui de Herbie. Avec cette incidence de donner l’avantage à l’extrait de l’album « Dangerous » d’une courte tête…
Taj, Taryll et TJ n’allaient pas limiter l’hommage à leurs aînés avec ces clins d’oeil, et c’est par un medley Jackson qu’ils vont le prolonger un peu plus tard dans la soirée. Et il commence de la même manière que le show des Jacksons vu à Santander en juillet dernier, avec « Can You Feel It ». Je me sens ainsi privilégié de réentendre ce classique une deuxième fois en quelques semaines avec une autre formation issue de cette illustre famille. Dans cette version, Taj reprend la partie de Randy tandis que TJ a la lourde tâche d’assurer celle de Michael. La magie opère et on ressent ainsi toute la dimension de ce hit qui a acquis ses marques de noblesse avec le temps.
La fête se prolonge avec « Shake Your Body » et à cet instant, je ne peux m’empêcher de songer à cette prestation liée à la dernière date du Victory Tour à Los Angeles en décembre 1984. Les fans de mon âge ont forcément souvenir de cette VHS vendue dans le commerce qui immortalisait ce moment. Avec un MJ annonçant sur scène « un rideau final » pour The Jacksons, c’est toute la famille qui monte sur scène dont trois petits garçons pour un moment HIStorique. Je n’imaginais pas ainsi les voir un jour chanter cette même chanson à l’aube de mes 40 ans… L’occasion pour le public de taper des mains à l’unisson car on ne change pas une recette qui fonctionne, surtout quand elle ne prend aucune ride.
Plongé dans mes pensées philosophiques, c’est une introduction de batterie bien familière qui me ramène sur terre ! Toujours un titre entendu lors du Victory Tour, mais issu du répertoire de Michael ! Il s’agit bien de « Rock With You » suivi de près par « Human Nature » avec un « We Love You Michael » prononcé sobrement par le groupe telle une conclusion logique dans ce voyage vers les 80s…
On pourrait aisément penser que l’hommage à Michael a atteint son paroxysme avec ce medley. Il n’empêche que j’ai ressenti, de façon plus subtile, cette proximité et ce lien artistique avec le Roi de la Pop en découvrant en live quelques pépites de l’album « Brotherhood ». Je pense notamment au titre « Words Without Meaning ». Ses cordes ont été enregistrées par Bruce Swedien sous la direction et les arrangements de Jeremy Lubbock. Tout cela à la Hit Factory de New York comme cela était le cas pour « Childhood » et « Smile ». Je n’oublie pas quelques crédits de prestige comme la présence à la batterie de Jonathan « SugarFoot » Moffett et celle à la guitare acoustique de Dean Parks (il joue sur « Billie Jean » et est crédité à la composition de « Dancing Machine »). Voilà une production du Roi de la Pop pleine d’implication pour une composition de Taryll à l’origine.
Empreint de mélancolie, ce titre reste l’un des moments poignants de l’album et il est fort surprenant de constater qu’il n’est jamais paru en single. Conscient de son importance, Taj Jackson avait d’ailleurs annoncé, sur les réseaux sociaux, s’entraîner à le chanter (plus de 20 ans après…) tout en demandant au public de l’accompagner.
Ce sera chose faite, mais c’est sur « Why » que le public va vraiment chanter à l’unisson, au point de ne plus distinguer la voix de Michael dans le refrain. Cette dernière est présente en bande-son car son absence semble impossible tant il est lié à cette composition de Babyface. Tout le monde connait les paroles par coeur et je soupçonne le public d’avoir acheté le numéro 19 du magazine Black And White de septembre 1996. Il faut dire que nous pouvions lire le texte incluant sa traduction à la page 22. Et plus de vingt ans plus tard, je retrouve mes dix-sept ans en constatant que moi non plus je n’ai oublié aucun de ces mots… Le groupe finit par laisser le public chanter seul a capella avant une longue ovation qui semble même agréablement surprendre les trois frangins. L’ambiance est survoltée comme si nous voyagions dans le temps en 1996… Il ne manque plus que mon magnétoscope et mes enregistrements VHS du Roi de la Pop sur MTV de la veille, tous des souvenirs d’une époque pas si lointaine où je pouvais écouter la musique en boucle à la radio sans chercher à entendre les informations…. J’étais loin de me douter alors que c’est en 2018 que j’entendrai pour la première fois cette chanson que j’affectionne tant en live… L’occasion de lancer un message : John Branca, si tu me lis (ça m’étonnerait !), il faudrait entendre la version solo de Michael avant que ma barbe ne soit complètement blanche !…
Finalement, je me sens bien en 1996, et il faut croire que je ne suis pas le seul car le groupe revient pour un rappel qui reste complètement dans ce thème. Tout le monde reprend « Anything » à l’unisson et de nouveau, plein de souvenirs me reviennent. Il s’agissait là du premier single de l’album et je vois encore ces CD 2 titres qui se vendaient avant l’ère d’internet. L’occasion de dire que ce titre a été produit et composé par les frères alors qu’il étaient âgés de 17 à 22 ans à l’époque. Il était donc injuste de les confondre avec des Boys bands de l’époque, montés de toutes pièces avec le physique primant sur la musique. Toutefois, je n’ai pas dit que les 3T étaient moches et que la gente féminine n’était pas réceptive ! A ce sujet, Taryll s’essuie le visage avec une serviette et la jette dans la fosse. Heureusement, je suis à quelques mètres du lieu où elle atterrit : je risquais de me faire arracher une oreille en pareille situation…
Dernier rappel, et il en manque une au compteur ! Je veux bien entendu parler d’ « I Need You », parfaite en guise de conclusion ! Cette reprise d’Eric Carmen (il chante « Hungry Eyes » dans la B.O de Dirty Dancing ! Vous connaissez ce film, les filles ?? Non, ne hurlez pas, svp !) est un autre titre où l’âme de Michael plane au-dessus de nos têtes. Elle semble si incontournable que je pourrais dire qu’il s’agit-là du « Billie Jean » des 3T. J’ai d’ailleurs l’impression d’entendre à nouveau la partie chantée par Michael en bande-son mais celle-ci est couverte par les chants du public, ce qui n’a rien de négatif. C’est dans ce contexte que les 3T saluent la foule et la remercient. On sent qu’ils ne s’attendaient pas à tant d’ambiance pour ce retour en France, au point qu’on peut ressentir leur sincère émotion.
Le rideau rouge de La Cigale se referme et voilà une mission accomplie par les trois garçons de Tito. Elle l’est également pour de nombreux fans qui ont été ravis de se retrouver tous ensemble. Tant mieux ! Cette passion dans l’univers Jackson se doit de perdurer !