C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris le décès de Bruce Swedien.
Cet ingénieur du son a tellement œuvré dans l’histoire de la musique, en particulier avec Michael Jackson et Quincy Jones, qu’il faisait partie intégrante de ma passion pour ces derniers, au point de ne jamais l’en dissocier.
Il est impossible de résumer une telle carrière en quelques lignes d’autant que se documenter sur la discographie de Bruce, c’est un voyage musical de plus de quatre décennies avec quelqu’un qui a connu toutes les techniques d’enregistrement en évoluant avec son temps.
Avec Michael et Quincy, tout a commencé à New York pour la bande-originale de The Wiz, en 1978, et j’aime à penser que cette complicité avec le Roi de La Pop a atteint son sommet dans cette même ville, lors des sessions de l’album HIStory. Pour mener à bien son projet, Michael va s’isoler dans un mythique studio d’enregistrement qui fut fréquenté par les plus grands artistes de ce monde : la Hit Factory. Bruce Swedien, tel un fidèle lieutenant, accompagne l’artiste en ces lieux et s’y fait construire une nouvelle table de mixage de quatre-vingt-seize pistes, plus complète que celle de quatre-vingt pistes de Los Angeles, pourtant jusqu’ici la plus grosse du monde. L’ingénieur du son explique fièrement que son nouveau matériel permet d’enregistrer un orchestre symphonique au complet en utilisant une piste par instrument. L’implication de Bruce ne se limite pas à son domaine de prédilection puisqu’il est crédité à la composition et à la production pour cet album, comme c’était déjà le cas pour Dangerous. Bien évidemment, ceci n’est qu’un sentiment personnel et n’occulte pas les autres albums du Roi de la Pop dont Thriller qui reste l’album le plus vendu de tous les temps, et on peut estimer que « Svensk » (le surnom donné par Quincy) a sa part dans tout cela.
Je n’oublie pas également l’aspect humain entre Michael et Bruce. C’est lui qui viendra réconforter Michael lorsqu’il éclatera en sanglots, que ce soit pour le premier mixage (tellement raté que le disque fut reporté) de l’album Thriller ou bien la chanson « Keep The Faith » qui lui avait causé quelques difficultés. Bruce a versé quelques larmes également, notamment en repensant à cet orchestre symphonique, debout, faisant une ovation à Michael, à l’issue de la session de « Smile »…
Pour ma part, malheureusement, je n’ai jamais rencontré Bruce Swedien mais je retiendrai sa gentillesse, lorsque, par l’intermédiaire d’Isabelle Petitjean, il avait rédigé la préface de Let’s Make HIStory. Je conserve précieusement nos mails à ce sujet, et les quelques conversations téléphoniques que Laetitia et moi-même avons eu avec lui resteront gravées à tout jamais.
J’ajouterais que c’était un honneur de diffuser le documentaire King Of Sound de Gareth Maynard lors du premier MJ MusicDay à Lille. L’occasion pour beaucoup de découvrir toute sa complicité avec Bea, son épouse, et sa fille Roberta. Non sans oublier toute l’affection qu’il portait aux animaux. Une façon de montrer un homme plein de bonté dans l’envers du décor. Ce fut un bel hommage d’autant que notre conversation téléphonique avec lui avait ému notre audience.
Nous nous souviendrons de lui, pour tout ce qu’il a apporté à nos oreilles, sans oublier cette si belle devise : Music First !