Samedi 2 juillet 2022, je me dirige en direction de Lyon comme c’est le cas parfois le week-end. Ceux qui me connaissent savent combien j’apprécie cette ville pour de nombreux aspects. Toutefois, Il n’est pas question ici de gastronomie et autres bouchons, mais bien d’un concert. Je ne m’étais pas rendu dans la ville des lumières pour ce type d’événements depuis quelques années alors vous imaginez peut-être combien j’apprécie d’être sur le point de revivre cette expérience musicale en ces terres.
Non pas que mon dernier concert date de tellement longtemps. En mai dernier, je m’étais rendu à Strasbourg pour le show Forever 90 et revoir ainsi les 3T sur scène. C’était un plaisir de revoir Taj, Taryll et TJ pour entendre Why, I Need You et les autres tubes des années 90 qui ont fait le succès des neveux de Michael Jackson. A ce moment-là, de premières dates à Paris étaient annoncées pour TJ Jackson, les 24 et 26 juin. Mon emploi du temps ne me permettait pas ce déplacement mais lorsque Lyon a finalement été ajoutée parmi d’autres villes à ce qui devenait la première tournée en solo de l’artiste, je vis là comme un signe de me joindre à la fête. En effet, c’est dans cette ville que j’ai vu Michael Jackson pour la première fois en concert et je ne peux m’empêcher de faire le lien. Me voilà donc rendu au Hot Club Jazz de Lyon, aux alentours de 19h, pour la session Meet and Greet. Après l’entretien que nous avons réalisé avec TJ il y a quelques semaines pour le site, me voilà gentiment convié par son équipe à participer à ce moment de convivialité avec l’artiste.
C’est avec ces bonnes ondes que j’entre dans ce club de jazz, un lieu que je ne connaissais pas jusque-là. En descendant les escaliers de cette superbe cave voutée, j’aperçois sur le mur en pierre de nombreux clichés de musiciens venus jouer dans cette salle. Parfois, vous vous rendez à un concert et parfois, le lieu à une histoire qui mérite votre respect et votre attention au point de vouloir prendre quelques lignes pour décrire tout cela. Le fait d’imaginer des légendes comme Duke Ellington, Dizzy Gillespie, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Count Basie, Chet Baker et autres Miles Davis jouant sur cette scène, transpirant toute leur âme et leur cœur, légitime davantage ce déplacement, comme un supplément d’âme à cette soirée. Dans une petite file d’attente, j’attends ainsi cette rencontre avec TJ, et du coin de l’œil je vois ses échanges avec des fans tout en entendant et remarquant également un monsieur accoudé au bar. Un septuagénaire qui vous ferait penser à un grand oncle qui aurait tellement d’histoires à vous conter dans un repas de famille. Rien qu’à le voir, je saisis qu’on pourrait boire ses paroles comme l’encyclopédie vivante du club. J’aurai cette confirmation lorsqu’il viendra faire un court discours d’introduction pour nous souhaiter à chacun la bienvenue, avant l’arrivée de TJ sur scène. J’apprendrai qu’il s’agit de Gérard Vidon, président d’honneur du lieu, et qu’il l’a géré pendant plus de 35 ans. Il nous précise ainsi que le Hot Club de Lyon est le plus ancien club de Jazz d’Europe encore en activité depuis 1948 ! Tout cela force le respect et j’espère que les fans de TJ me pardonneront cette interlude mais il me parait nécessaire afin que vous perceviez davantage cette ambiance intimiste que je vais tenter de vous décrire tout au long de mes lignes.
Il est maintenant temps de me focaliser davantage sur TJ que sur Monsieur Vidon car mon tour arrive pour ces quelques minutes en compagnie de l’artiste. Cela a beau ne pas être votre première rencontre, cela reste toujours un moment particulier de se retrouver face au membre des 3T. Naturellement, je le remercie pour l’entretien que nous avons réalisé récemment et je suis touché par le fait qu’il évoque mon implication pour rendre hommage à son oncle à travers des livres et des événements.
C’est donc avec beaucoup de bienveillance qu’il me signe des objets. J’avais envie de lui montrer quelque chose d’insolite avec la page du programme du Victory Tour lorsqu’il était avec ses frères et son père Tito en train de jouer au golf : il ne devait pas avoir six ans ! C’est avec un grand sourire qu’il me dit que cette session photo a été la pire journée de sa vie à ne pas pouvoir bouger, en pleine chaleur avec une tenue lourde à porter. Je récupère mon programme en disant qu’il ne manque plus que la signature de ses frères et de son père, mais que j’ai tout mon temps pour le faire. Je fais également signer son Maxi 45 tours « Insomnia » que je viens d’acquérir à la boutique, l’occasion de saluer tout le travail réalisé par son équipe au niveau du merchandising. Toutes les bonnes choses ont une fin : c’est le moment de le remercier pour sa disponibilité et sa générosité avant de rejoindre ma place pour le concert et de l’applaudir sur la scène du Hot Club de Lyon.
Me voilà donc au second rang, face au milieu de la scène, mais dans cette configuration intimiste, toute place dans cette salle nous ferait sentir en communion avec TJ. La piste instrumentale de la version acoustique de la bien nommée « A Night To Remember » se fait alors entendre pour annoncer l’arrivée imminente de TJ. C’est ainsi qu’il traverse la salle avec des lunettes noires vissées sur la tête. Il passe juste devant moi et je remarque qu’il est déjà en train d’interpréter ce morceau bien qu’il ne soit pas encore arrivé jusqu’à la scène et son micro. Ce n’est qu’une question de secondes pour que ce soit le cas et que toute la salle puisse profiter de sa voix tout en l’acclamant : un public déjà acquis à sa cause ! Ce décor intimiste n’empêche pas de ressentir toute cette frénésie porté par les spectateurs, et dans ce climat, TJ retire ses lunettes noires lors de son premier discours qui inaugure de nombreuses prises de paroles entre les chansons. Il invite tout d’abord le percussionniste Amine Ouazzani et le guitariste Vincent Fabert à le rejoindre tout en demandant au public de chanter en communion avec lui. Il n’y a pas de règles ici comme dans un show millimétré, aime à nous dire l’artiste, et sur cette scène à l’origine dédiée au jazz, l’improvisation et l’excitation du direct seront de mise pour rendre cette soirée si spéciale.
De nombreuses anecdotes seront évoquées en tant que parties prenantes du concert, un peu comme si nous étions en famille, devant un bon repas un soir de fête. Comme avec les 3T, TJ ne se limite pas à son répertoire solo et aime reprendre des chansons du répertoire de Michael Jackson et des Jackson 5 avec « Man In the Mirror », « I’ll Be There » et « Human Nature ». Une sorte d’hommage à ses aînés, afin de partager les titres avec lesquels il a grandi et qui l’ont forgé en tant qu’artiste. Cette intimité vécue pendant le concert passe également par là mais ce n’en est qu’un aperçu. Pour l’exprimer davantage, je citerais ce moment où TJ a convié une demoiselle à le rejoindre sur scène pour lui souhaiter un bon anniversaire. C’est un peu comme si il connaissait chacun de nous, et qu’il avait quelque chose à dire à chacun(e). Je n’avais jamais ressenti cette sensation avec un artiste et j’avoue que c’est impressionnant, surtout quand je me remémore cette fan se tenant dans ses bras pendant un « Happy Birthday » dont j’ignore si je dois le qualifier d’improvisé ou de préparé car c’est peut-être les deux à la fois. Je me souviens alors que c’était mon anniversaire lorsque j’ai vu les 3T en mai dernier et que je n’ai eu aucun câlin. J’ai envie de me lever et réclamer mon dû mais c’est plein de sagesse que je reste assis à applaudir ce très beau geste. Un peu de pudeur est de mise et ce serait peut-être risqué de faire quelques jalouses dans la salle ! Lorsque TJ susurre « Heaven On My Lips » c’est un peu comme s’il s’adressait à chacune d’elles et vous sentez qu’il ne faut pas rester au milieu. Plus sérieusement, j’ajouterais que ce sont des aspects saisissant de cette complicité entre l’artiste et son public qu’il ne faut ignorer pour analyser les émotions vécues dans la soirée. Il est vrai que de nombreuses fans irréductibles depuis les années 90 sont là et elles ont forcément apprécié d’entendre également des chansons du répertoire des 3T. La gente masculine n’est pas en reste pour apprécier tout ce que cette période nous a apporté, j’en suis une preuve vivante parmi tant d’autres. D’autant que pour TJ, il y a une part de challenge à interpréter ces chansons sans ses frères et la voix de Michael en soutien. Il en parle même avec nous, comme une expérience nouvelle en solo mais qu’il partage avec fierté, ressentant toute notre bienveillance pour l’accompagner dans cette étape de sa vie d’artiste. Il s’arrête au milieu de « Why », faisant une petite erreur, ne pouvant partager ses couplets avec Taj et Tarryl. Qu’importe, il prend le temps d’en parler avec nous, brisant les règles de ce que serait un show millimétré. Il reprend avec un grand sourire pour la grande joie du public et c’est à cet instant que j’ai envie de saluer les deux musiciens qui accompagnent TJ. Je sais que « Why » est un morceau enregistré à la Hit Factory avec une riche section de cuivres aux nombreux arrangements. Je salue donc cette performance de parvenir à transmettre l’âme et la richesse d’une chanson avec deux instruments. « Why » n’est qu’un exemple parmi tous les titres de la soirée mais j’ai aimé cette façon de revisiter de nombreux titres avec lesquels j’ai grandi. Cette ambiance s’est traduite également par l’instrumentation acoustique et je salue ces deux musiciens français qui ont été totalement au service de TJ Jackson. Les anecdotes ont continué de pleuvoir et j’ai aimé apprendre que « Stuck On You » est le titre favori de Katherine Jackson dans le répertoire des 3T. J’ai aimé entendre à nouveau (TJ l’avait raconté dans notre entrevue) que Michael devait choisir entre « Why » et « You Are Not Alone » pour son album, au point de proposer la première citée à lui et à ses frères. Cette envie de se raconter apporte vraiment quelque chose de spécial et lorsque l’artiste a évoqué un voyage à Londres pour découvrir que « Anything » était dans les premières places du classement, je me suis revu en janvier 1996 lors de mon premier séjour dans la capitale anglaise découvrant des affiches immenses du groupe dans les rues. Ce n’est pas pour autant que TJ a fini de nous surprendre après avoir interprété « I Need You ». Le voilà qui salue deux jeunes demoiselles (qui ne dépassent pas les 10 ans !) nommées Lou-Ann et Emma. Il s’agit là de leur premier concert et le membre des 3T connait l’importance de ce moment dans une vie. Voilà pourquoi il prend le temps de leur signer à chacune des feuilles avec des paroles et démontre que c’est bien une nuit qu’on ne pourra oublier. Le chanteur a de quoi nous ravir par ses talents vocaux et scéniques mais sa générosité va encore plus loin. Il nous quitte après avoir interprété le titre « Last Night » mais revient rapidement après un rappel plus que logique. Il s’adresse alors à une fan au fond de la salle, lui demandant quel morceau elle veut entendre. J’ai alors le sentiment qu’il la connait, comme s’il l’avait vu de nombreuses fois et que c’était légitime de lui demander. Il exauce son vœu en interprétant « I Don’t Deserve This » puis conclut la soirée avec « Insomnia ». Il traverse ainsi la salle pour rejoindre sa loge face à un public debout qui l’ovationne. J’ai fait quelques concerts dans une ambiance intimiste auparavant mais je n’ai pas le souvenir d’avoir vécu tout cela comme lors de cette soirée. Une communion assez rare entre la scène et le public. Tout le monde est sur son nuage, mais je garde quand même la présence d’esprit de saluer et féliciter le guitariste Vincent Fabert. Ce seront mes derniers mots de cette soirée, et j’ai le sentiment que ceux qui ont vécu cette première tournée solo de TJ Jackson se sont laissé porter par cette ambiance acoustique et intimiste. Je pourrais presque utiliser le terme de familial car c’est vraiment ici la volonté de l’artiste, en toute générosité. Beaucoup devraient s’en inspirer.
Crédit photos : Cédric Michon, Séverine Peyron, Stéphane Froment
Liens utiles :