Michael Jackson… ! Ces deux mots résument et expriment tellement de choses dans mon vécu que je tente ici l’exercice d’immortaliser quelques lignes sur une personne qui m’accompagne depuis plus de trente-cinq ans !
Il est assez dingue de se dire qu’un être humain puisse avoir un tel impact dans votre vie, alors que ce n’est pas un proche et encore moins un membre de votre famille. J’ai aujourd’hui 44 ans et il est peut-être temps d’analyser cela avec le recul qui s’impose car c’est bien à un héros de mon enfance que je fais ici allusion. J’en ai eu quelques autres comme Spiderman, Goldorak et Hulk mais ils ont souffert d’une concurrence rude lorsque j’ai commencé à user à outrance les bandes de ma cassette audio de Bad. J’avais alors trouvé mon idole qui évinçait tous ces autres personnages de fiction. Chose fascinante, je l’assimilais à cette catégorie tant il me paraissait irréel et inaccessible. Il est vrai que la sortie du long-métrage Moonwalker au cinéma m’a aiguillé, même inconsciemment, à le considérer alors comme un personnage de cartoon. Il était tellement talentueux, fascinant et charismatique qu’il ne pouvait faire partie du commun des mortels. Etait-ce un effet de mode, allait-il continuer à être dans mon quotidien ? Je ne pouvais en avoir la certitude car en grandissant, les loisirs et les passions évoluent et bon nombre de nos héros d’enfance disparaissent pour laisser leurs places à d’autres compagnons d’adolescence. C’est ainsi que la nature fait son œuvre en cette période où vous murissez et aspirez à d’autres choses, et pourtant Michael est toujours présent au point de prendre encore plus d’importance. Il est vrai que j’appréhende alors la musique différemment au point d’essayer de m’ouvrir à d’autres artistes. Rassurez-vous, ils n’ont pu tenir la comparaison et il était bien temps de creuser et d’aller au-delà de la trilogie Off The Wall-Thriller-Bad. Bien évidemment, cette quête musicale était une confirmation que je n’avais pas fait fausse route depuis 1987. Michael Jackson n’était pas resté qu’un effet de mode passager dans mon esprit. Ces années au collège sont alors celles d’un épanouissement à l’écoute des autres albums réalisés avec ses frères. Qu’importe que ce soit les Jackson 5 ou les Jacksons, je saisis toute cette richesse musicale dans son parcours et la découverte de toutes ces pépites au son de sa voix sont ma définition de mes trésors inestimables. Ainsi, j’ai le sentiment qu’il fait partie de mon ADN, et que sans cette musique pour me ressourcer, je ne serais plus la même personne. Bien évidemment, ma perception à son sujet a continué d’évoluer durant cette période. J’ai le sentiment de l’avoir davantage humanisé, même si cette fascination était telle qu’il me semblait toujours aussi inaccessible : une sorte d’ami imaginaire, même si l’image peut sembler un brin maladroite. Il est vrai que le Roi de la Pop n’est pas sorti de mon imagination mais à l’écoute de sa musique, je trouvais le compagnon idéal pour me suivre dans ma bulle.
À l’heure des réseaux sociaux et des fans qui aiment se rassembler pour partager leur passion, j’ai ce souvenir d’avoir été un fan qui est resté dans son coin, comme si Michael Jackson faisait partie de mon intimité. Voilà pourquoi j’aime évoquer le magazine Black & White comme le symbole d’un premier pas à m’ouvrir à cette communauté de fans, d’un sentiment à réaliser qu’il était possible de partager cet univers avec d’autres personnes. Voir des chambres d’adolescents tapissées de posters du Roi de la Pop avec des annonces pour correspondre me démontrait que tout cela ne s’exprimait pas seulement comme un jardin secret. Je lisais un magazine réalisé par des compatriotes dont le sujet me tenait à cœur, celui d’un artiste qui m’accompagnait dans mon quotidien. La façon dont Laurent Hopman, Julien Derain et Christophe Boulmé sont parvenus à attirer l’attention du Roi de la Pop au point de finir par collaborer avec lui me fascinait. Michael Jackson n’était donc pas si inaccessible, même si n’ayant jamais mis les pieds à Paris, je sentais que je ne pouvais pas le toucher du bout des doigts du fond de ma Savoie. C’était une sorte de prolongement d’un univers déjà riche mais j’ai conscience que tous mes articles à ce sujet ne rendront jamais assez justice à ce que Black & White a apporté dans ma vie de fan. Jusque-là, j’avais toujours idéalisé Michael Jackson au point de penser que son seul talent lui permettait de soulever des montagnes et qu’il lui suffisait de lever le petit doigt pour m’insuffler toute cette magie. Ainsi, pendant la période HIStory, la lecture du magazine Black & White et des livrets d’albums m’ont donné l’envie de m’intéresser à ses collaborateurs comme pour mieux tenter de découvrir l’envers du décor. Je ne me limitais plus au résultat final entendu lors d’une écoute d’un album. Je réalisais tout ce temps passé dans le studio d’enregistrement avec cette somme de travail réalisé avec forcément des moments de doute, de stress dans des nuits courtes ponctuées de quelques larmes, non sans ces moments joyeux lorsque l’artiste trouve l’inspiration et est en totale osmose avec lui-même. Tout cela dans le but de me rendre heureux, moi comme ses millions de fans à travers le monde, et cela imposait également une sorte de respect. Le dieu vivant de mon enfance était toujours là dans mon esprit mais, dans ma construction de l’adulte que j’étais sur le point de devenir, je saisissais alors davantage d’humanité en lui et ce n’était pas pour me déplaire. Le moment était opportun de réaliser l’importance de ces collaborations avec des personnes comme Quincy Jones, Bruce Swedien, Brad Buxer, Steve Porcaro ou David Paich dans son parcours. Dans cette perception et ce respect pour ces différents collaborateurs, j’aimerais tenter d’exprimer à travers ces lignes ce que représente la direction artistique de Christophe Boulmé. Le fait que Christophe soit français comme moi m’a sans doute interpellé et, inconsciemment ou non, m’a donné le sentiment d’une plus grande proximité avec mon idole. Que ce soit par ses photos ou ses illustrations, il a été une sorte d’électron libre dont l’audace a payé. Il est vrai que Michael Jackson m’a toujours semblé être un artiste dans un contrôle total. Christophe, s’étant exprimé en totale liberté, est donc l’exception qui confirme la règle. Je ne reviendrai pas en détail sur ce cliché du grille-pain à Tokyo ou bien ce sublime Khéops, revisitant le Roi de la Pop au temps des pharaons et de l’Egypte antique. Ces initiatives du français, sans consulter au préalable le principal intéressé, sont restées dans la légende et la présence de ces documents dans le livret de l’album HIStory démontre combien MJ a su capter le talent et la fibre créatrice de Christophe sous ces multiples facettes. Cela n’allait pas en rester là avec ce tournage du clip de « Stranger In Moscow » l’année suivante. Nous sommes nombreux dans la sphère des fans à avoir été subjugué par ces clichés de Michael laissant une totale liberté à son photographe français au point de nous offrir une ambiance intimiste rarement vécue dans sa carrière. Une sorte de communion entre deux artistes qui m’a sans doute permis de réaliser à ce moment-là que j’aurai des choses à apprendre en m’intéressant également aux personnes qui ont su capter l’attention du Roi de la Pop dans les différentes facettes de son art. Christophe Boulmé a ainsi été une sorte de précurseur dans mon esprit lorsque mon analyse et mon ressenti envers mon idole ont évolué.
J’ai souvent raconté que la période HIStory a été ma favorite et vous découvrez ainsi quelques éléments qui ont déterminé ce ressenti. Bien évidemment, le fait d’assister à mon premier concert le 25 juin 1997 à Lyon au Stade Gerland pour le HIStory Tour reste indéniablement le plus beau jour dans mon vécu de fan. Comment ne pas mentionner ce jour où, pour la première fois, vous vous trouvez à quelques mètres de celui qui vous accompagne dans votre quotidien depuis tant d’années ? Il respire, transpire, adresse un sourire à la foule et vous démontre toute sa bonté et son talent d’artiste face à son public. Je ressens ainsi toute son humanité de plein fouet. Il est bien réel, ce n’est pas un personnage de fiction aux supers pouvoirs. Cela peut sembler banal à dire mais face à tant de magie et de passion vécue dans ma chambre d’enfant puis d’adolescent, à rêvasser sur sa personne, je pouvais me demander si tout cela pouvait venir d’un seul homme.
Voilà pourquoi j’ai senti un grand vide et une peine immense à sa disparition. Il ne m’avait jamais quitté dans mon esprit, malgré les affaires et les épreuves des années 2000. J’avais toujours l’espoir qu’il revienne au premier plan, même si je comprenais cet exil après son acquittement. De toute manière, il restait le plus grand artiste dans mon cœur et rien ne pouvait changer ce fait.
J’ai vécu cette passion dans ma bulle la plupart du temps, sans le besoin de l’exprimer en détail. À partir de l’été 2009, ce fut tout le contraire. Au point de m’inscrire sur le forum MJFrance et d’écrire au sujet de Michael Jackson, de sa musique, de sa carrière avec des souvenirs qui remontaient à la surface. Cela a été une première étape avant de finir par publier des livres et de me livrer comme jamais je ne l’aurais imaginé, loin de cette pudeur qui m’a souvent caractérisé au sujet de ce que représente l’univers Jackson pour moi.
C’est également quelques semaines après son décès que j’ai commencé à fréquenter les réseaux sociaux. C’est ainsi que j’ai demandé Christophe Boulmé en ami sur Facebook et que j’ai ainsi vécu nos premières interactions. Je ne lui en ai jamais parlé mais il a été une nouvelle fois une sorte de déclencheur, me faisant réaliser que, par des échanges avec ses collaborateurs, il était possible de continuer à le célébrer et à lui rendre hommage. C’est ainsi que j’ai eu cette volonté d’aller à leur rencontre et d’évoquer un Michael Jackson travaillant sans relâche pour ne pas oublier l’homme et l’artiste qu’il était. Je n’aurais jamais imaginé être capable de réaliser des livres, présider une association pour des éditions du MJ MusicDay avec des artistes talentueux comme Brad Buxer, Steve Porcaro, Christopher Currell, Steven Paul Whitsitt et bien évidemment Christophe. Michael Jackson a continué de m’apporter cette magie dans ma vie mais d’une manière insoupçonnée. Peut-être qu’au son de Michael Jackson, j’ai envie que tout soit possible, que l’envie de se transcender est là. Je n’ai pas le sentiment d’avoir tant de volonté dans ma vie de tous les jours, et cela restera peut-être un mystère inexpliqué mais je continuerai à apprécier ce que cette passion a à m’offrir tout en ayant conscience de tout ce que je lui dois.
À l’heure actuelle, je peux encore écouter ses chansons et me remémorer cette perception que j’en avais lors de mes premières écoutes et ainsi faire remonter de nombreux souvenirs à la surface. Elles m’ont tellement accompagné que ce lien avec mon vécu est gravé dans mon esprit. J’ose espérer que cette flamme en moi ne s’éteindra jamais, que des éléments extérieurs ne viendront jamais brouiller cette complicité que je me suis créée par rapport à son personnage depuis plus de trois décennies. De temps en temps, je me dis que parfois je devrais prendre du recul, car la tristesse de sa disparition revient me hanter lorsque je l’écoute le soir au casque à des heures tardives. Finalement, l’envie d’écrire à son sujet reprend le dessus et je me dis que je ne sais faire que ça. L’enthousiasme revient, en voulant le célébrer et lui rendre hommage, même si j’ai conscience que je ne pourrai jamais lui rendre ce qu’il m’a apporté. J’ai vécu toutes ces années comme une célébration et une sorte d’épanouissement intérieur. Beaucoup ont vécu davantage de choses que moi, d’autres moins mais peu importe, j’ai vécu cela comme une joie personnelle qui nous dispense de regrets. Toutefois, si je devais n’en avoir qu’un seul, ce serait de ne pas pouvoir échanger avec lui aujourd’hui. J’aurais aimé qu’il lise mes livres, consulte les programmes du MJ MusicDay et m’en fasse des commentaires objectifs. Pas pour ma satisfaction personnelle mais pour la sienne, car j’aimerais être à la hauteur face à un tel monument.
Merci pour tout Michael. J’ai eu le besoin d’écrire ces lignes, peut-être est-ce mon meilleur moyen d’extérioriser tous ces sentiments à ton sujet…