TJ Jackson

TJ Jackson est dans l’actualité avec un nouvel album « Acoustic Sessions 1 » et une première tournée solo en Europe aux mois de juin et juillet. C’est donc le moment opportun pour l’interroger à ce sujet, non sans évoquer avec le membre des 3T la genèse de son groupe et des souvenirs liés aux années 90 avec Michael Jackson qui l’ont forgé en tant qu’artiste. Un entretien qui restera gravé dans ma mémoire car c’est la première fois que j’ai ce type d’échanges avec un membre de la famille Jackson, aussi bien pour mes livres que pour ce site.

Peux-tu nous partager tes premiers souvenirs d’enfance où tu as réalisé que les membres de ta famille étaient des artistes mondialement connus ? Etait-ce une évidence pour toi de suivre cette voie ?

En tant qu’enfant, on peut percevoir par quelques petits signes que notre famille est spéciale. C’est ce dont je me souviens : de temps à autre, il y avait ce ressenti d’une sorte de frénésie ou de réalisation incroyable qui me faisait penser qu’il y avait quelque chose de différent. Parce que quand je passais du temps avec mes amis, ils n’avaient pas ce même vécu, ils ne savaient rien de tout cela. Mais ma famille était si humble qu’on ne nous a jamais vraiment dit : « Regardez, nous sommes ceci et cela, nous avons fait ceci.» On ne nous disait jamais ça, alors on avait l’impression que notre famille était normale, même si on observait parfois des choses qui nous faisaient penser qu’elle ne l’était pas, notamment à travers la manière dont les gens aimaient nos proches. Il me semble que la première fois que j’ai vraiment réalisé tout ça, c’était au moment de la tournée Dangerous. J’avais 14 ans et je me souviens de la présentation de l’album à la télé, et le lendemain, quand je suis arrivé à l’école, tout le monde ne parlait que de ça ! C’était la première fois que je réalisais que ma famille était très populaire. Ensuite, nous sommes allés en Asie avec mon oncle Michael pour le Dangerous Tour : nous sommes allés à Singapour, au Japon, et en Thaïlande, je crois, ou peut-être à Taïwan. Nous nous sommes rendus à plusieurs de ses spectacles, et voir tout cet amour que les gens avaient pour lui, bien qu’ils ne parlaient même pas la langue anglaise, c’était fascinant et époustouflant ! C’est ce qui nous a incités à vouloir faire de la musique. C’était tellement puissant pour nous de voir cela et tellement impressionnant à notre âge, 13 ou 14 ans, que j’ai pensé : « Ok, c’est exactement ce que je veux faire ! »

J’en profite pour t’interroger sur la chanson « 2300 Jackson Street » des Jacksons, car avec tes frères et tes cousins, vous avez participé à cette chanson symbolique pour votre famille. Te souviens-tu du contexte de cette session studio et l’avez-vous abordée comme un amusement, vu votre jeune âge, ou mesurais-tu l’importance de l’événement ?

Tout d’abord, c’était vraiment une idée de la famille, quelque chose que notre famille voulait que nous fassions. Une chose que j’aime chez eux, c’est que, bien qu’ils aient très, très bien réussi, ils s’intéressent beaucoup à leurs enfants et souhaitent les faire développer ce qu’ils veulent faire. Nous voulions tous être musiciens, alors nous avions l’habitude de proposer quelque chose qui s’apparentait à des spectacles de jeunes talents et nous nous produisions pour la famille. Mes frères et moi, les 3T, nous jouions des instruments et faisions un spectacle, puis les enfants de Jermaine dansaient et chantaient : nous chantions tous pour notre famille ! C’est ainsi qu’ils ont vu notre amour pour ça et au moment de « 2300 Jackson Street », ils ont voulu nous inclure dans cette chanson pour nous montrer la marche à suivre et capturer un moment important de nos vies. Ils n’avaient pas vraiment besoin de dire quoi que ce soit : nous savions tous instinctivement que lorsque nous irions enregistrer et tourner la vidéo, nous devrions être sérieux et faire de notre mieux. Tu sais, c’est intéressant parce que je n’ai jamais eu de discussion sur la façon de faire quelque chose ou sur la façon dont vous devez vous comporter lorsque vous êtes devant la caméra. Peut-être parce que nous les avons vus faire cela depuis leur naissance et que nous voulions juste être comme eux, alors nous les avons imités. Mais on ne nous a jamais assis dans un coin pour nous dire : « Quand la caméra est allumée, tu fais ceci ou cela, et tu te comportes ainsi… » Je ne me souviens pas avoir eu ce type de conversation, et je pense vraiment que c’était quelque chose que nous, en tant que Jacksons, savions faire.


Après les Jackson 5 et les Jacksons, il était ambitieux de remonter un groupe avec des frères au sein de la famille Jackson. Peux-tu nous raconter la genèse des 3T et les réactions que cela a entrainées dans ta famille ?

Je pense que beaucoup d’enfants veulent être comme leur père, leur oncle ou leur grand frère, et pour nous, c’était pareil : nous voulions être comme notre père et nos oncles. Ils étaient ceux que nous admirions, ceux que nous aimions et avec qui nous avons grandi. Surtout autour du « Victory Tour », ils ont fait des stades partout aux États-Unis, ils ont fait des performances dans des stades de baseball, et nous aimons le baseball. Nous connaissions donc ces lieux à cause de ce sport mais notre famille a pu y chanter et changer la vie de tant de gens qui venaient les voir ! Nous avons pu assister à ça et c’était très cool ! Notre famille a joué au stade des Dodgers pendant 7 nuits et c’était si puissant de voir à quel point les fans aimaient et respectaient notre famille ! Je n’avais que 5 ans à l’époque, mais mon père raconte toujours qu’il se souvient de nous rentrant à la maison et jouant avec des balais et des serpillères, agissant comme si nous étions les Jacksons ! On faisait tout ce qu’on voyait sur scène, et il nous corrigeait et disait : « Non, ce n’est pas comme ça… » Très gentiment, tu sais, ce n’était pas méchant mais en riant. Puis, il a vu qu’on le faisait encore et encore, alors il a dit : « Vous devez faire votre propre truc ! C’est très gentil que vous fassiez notre musique, mais faites votre propre musique et si vous voulez vraiment être musiciens, faites-le vous-même ! » Alors nous l’avons fait, et nous avons commencé à nous appeler les 3T’s. Notre maman utilisait ce nom quand elle nous appelait : au lieu de dire chacun de nos prénoms, elle disait : « 3T’s, descendez ! » ou « 3T’s, c’est l’heure de dîner ! » Un jour, je crois que j’avais environ 15 ans, mon oncle m’a dit : « Vous devriez laisser tomber le ‘s et juste vous appelez 3T. C’est plus fort ainsi, c’est plus cool.» Chaque fois que mon oncle disait quelque chose comme ça, on l’écoutait et il avait raison ! Faire de la musique avec mes frères est quelque chose qui me rappelle mon enfance, et c’est un beau souvenir, et quelque chose que j’aime toujours faire : c’est une belle chose.

Au sujet de « Brotherhood », lorsque je parcours le livret, on ressent tout le soutien au projet de la part de ton oncle Michael, à l’image de ces musiciens, techniciens et arrangeurs qui faisaient partie de son équipe. Mesurais-tu l’importance de tout ce soutien à l’époque ou est-ce venu avec le temps ?

Je n’avais pas réalisé à l’époque à quel point il nous soutenait. Je savais qu’il était toujours prêt à aider et qu’il nous amenait toujours à des sessions ou à des tournages de clips : il faisait toujours ce genre d’attentions pour s’assurer que nous voyions comment ça se passait. Je me souviens d’avoir assisté au tournage de « Smooth Criminal » à la fin d’une journée d’école. Une voiture est venue nous chercher et nous sommes allés dans un endroit à L.A., un genre de bar. C’était la scène de danse de « Smooth Criminal » avec le lean et tout. Je n’avais pas réalisé à l’époque ce que c’était et l’importance de l’endroit où j’étais : je pensais juste que je regardais mon oncle Michael au travail. Même chose avec « Scream » et la séquence de danse avec ma tante Janet. Et aussi sur « Moonwalker », quand le lapin le poursuit. Mais je ne me rendais pas compte à quel point ces images seraient puissantes. Il y a eu beaucoup de choses de ce type quand notre oncle Michael nous a pris sous son aile, et je ne m’en suis pas vraiment rendu compte à l’époque. Nous n’avons jamais vraiment ressenti de pression sur le fait que nous devions bien faire parce que notre famille s’en sortait bien, que nous devions être à la hauteur des attentes. J’ai toujours pensé que nous devions faire de notre mieux parce que c’est ainsi que nous avons été élevés, que ce soit pour la musique ou autre chose. Idem avec le baseball : nous avons beaucoup pratiqué ce sport et je voulais être le meilleur, alors nous nous sommes entraînés et avons travaillé dur. Lorsque vous pratiquez et travaillez dur, et que vous avez un état d’esprit sain sur la raison pour laquelle vous faites ce que vous faites, vous pouvez très bien perdurer et vous en sortir très bien. Je pense que c’est ce que nous faisions, même avec la musique, même avec le nom de Jackson. Nous ne ressentions pas cette pression et je ne sais pas pourquoi. C’est aujourd’hui que je ressens davantage de pression, en fait.

Quels souvenirs précis du soutien de votre oncle Michael gardes-tu ?

Plus précisément à l’époque des 3T où nous nous sommes faits connaître, il y avait des images de toutes nos photos pour la pochette de l’album avec différentes poses, et il en entourait certaines en nous signifiant « C’est celle-ci » ou « Celle-là est super ». C’est ainsi que nous avons choisi notre pochette car à chaque fois que notre oncle Michael disait « C’est ça », nous l’écoutions. Je ne me rendais même pas compte à l’époque de tout ce soutien, mais aujourd’hui, cela démontre à quel point il était impliqué dans notre carrière : il a aidé à choisir beaucoup de choses, des visuels à la musique. « I Need You » en est un parfait exemple. Nous ne voulions pas faire « I Need You » parce que lorsque nous avons entendu la chanson pour la première fois, c’était juste un synthétiseur de piano bon marché et une voix, donc ça ne sonnait pas comme on l’entend aujourd’hui. Nous ne pensions pas que la qualité était suffisante. Mais mon oncle Michael a dit : « C’est une si belle chanson pour vous ! » Nous pensions qu’il plaisantait, nous ne pensions pas qu’il était sérieux, mais il a dit : « Je suis sérieux, vous devez faire cette chanson. Si vous ne la faites pas, je vais la faire, moi. » Alors pour qu’il dise ça, on savait qu’il fallait l’enregistrer. Puis, il a demandé s’il pouvait chanter dessus. Il était tellement impliqué dans notre carrière et c’est quelque chose dont je lui suis très reconnaissant aujourd’hui. Cela montrait à quel point il nous aimait et à quel point il voulait que nous réussissions. C’est quelque chose qui compte beaucoup pour moi et que je chérirai toujours. Je raconte à Prince et à Paris en particulier à quel point leur père était là pour nous et qu’il était une si grande figure dans nos vies. Non seulement pour ce que nous voulions faire, pour réaliser nos rêves, mais aussi en tant que personnes. Je serai toujours là pour eux aussi parce que je les aime et aussi parce que je sens que je lui dois ça : être là quoi qu’il arrive, dans toutes les situations, parce que je veux le meilleur pour ses enfants.

« I Need You » est une reprise d’une chanson d’Eric Carmen : je suis content que tu m’en parles. Peux-tu m’en dire un peu plus à son sujet ?

Nous avons eu une démo de la chanson. En fait, nous recevions tout le temps des démos de notre A&R qui nous donnait un CD ou une cassette avec un tas de chansons écrites par d’autres auteurs. Il y avait « I Need You » et nous n’y avions pas prêté attention. Apparemment, mon oncle recevait les mêmes démos et il a dit : « Vous devez faire cette chanson. » Mais nous ne savions pas qu’il recevait des démos et les écoutait. Quand nous l’avons chantée, il a demandé s’il pouvait aussi chanter dessus parce qu’il aimait vraiment cette chanson. Il enregistrait des chansons dans un studio très proche et après ses sessions, il est venu nous écouter jouer « I Need You ». Au moment où il est arrivé, nous l’avions terminée mais il a demandé s’il pouvait faire la fin. On travaillait avec Denniz PoP et aussi Max Martin, l’un des auteurs et producteurs les plus titrés de tous les temps, mais à l’époque, je pense que c’était le premier grand projet qu’il produisait. Il a travaillé avec tout le monde, de Céline Dion aux Backstreet Boys ou encore Britney Spears, The Weeknd, Taylor Swift, Katy Perry… Je ne l’oublierai jamais parce qu’après la première prise chantée par mon oncle, Max Martin et Denniz PoP sont sortis et ils pleuraient en raison de l’impact que le chant et la voix de mon oncle avaient sur eux… C’était comme s’ils réalisaient à cet instant que leur rêve était devenu réalité. Ils avaient toujours dit qu’ils considéreraient avoir réussi le jour où ils enregistreraient Michael Jackson et ils l’ont fait ! C’était simplement un moment magnifique parce que j’ai pu voir de mes propres yeux à quel point mon oncle était grand et percutant à travers la façon dont ces producteurs suédois ont réagi en entendant sa voix et son chant. C’est dans ces moments-là qu’on réalisait à quel point mon oncle était énorme !…

Pendant longtemps, j’ai pensé que Michael avait chanté une version complète de « Why », mais le technicien Brian Vibberts m’a dit qu’il n’avait chanté que le refrain car il voulait vraiment donner cette chanson aux 3T. Peux-tu préciser les choses, s’il te plait ?

Oui, il existe une version de « Why » avec mon oncle. Tout d’abord, il nous a joué deux chansons. Je pense que c’était à New York à The Hit Factory où il faisait une session de cordes pour « Childhood », je crois. Pendant une pause, il nous a emmenés dans l’arrière-salle et a dit qu’il avait de la musique qu’il voulait jouer et partager avec nous. Il a donc joué « You Are Not Alone » et « Why ». Il a dit qu’il ne pouvait en garder qu’une et qu’il voulait nous donner l’autre. Il nous a demandé s’il y en avait une que nous aimions le plus, ou une que nous pensions qu’il devrait faire ou que nous devrions faire. Nous les avons adorées toutes les deux ! Il a dit que Sony pensait qu’il devait garder « You Are Not Alone » et il nous a demandé : « Voulez-vous « Why » ? » On a dit : « Oui, on aimerait avoir « Why » ! » Vous savez, à l’époque, Babyface et R. Kelly étaient de très grands artistes, des compositeurs et des producteurs très respectés, alors nous pensions toucher le gros lot et avoir les meilleurs auteurs de musique RnB ! Notre oncle Michael voulait figurer dessus et chanter le refrain. La raison pour laquelle je sais qu’il existe une autre version, c’est parce que, dans le pont, lorsque Taryll chante les paroles, nous n’avions aucune idée de ce qu’elles étaient, alors nous avons dû écouter encore et encore comment mon oncle la chantait, et essayer de deviner quels étaient les mots. Nous ne pouvions toujours pas les comprendre, alors il a juste essayé de chanter comme lui en espérant que les mots viendraient. Mais certains de ces mots, Taryll ne savait même pas ce qu’ils signifiaient, alors il essayait juste de sonner exactement comme mon oncle puisque nous n’avions pas les paroles. Si c’était aujourd’hui, je l’aurais sur mon ordinateur, mais dans les années 90, il n’y avait rien de tout cela. C’est probablement sur une bande ou un CD quelque part dans les archives, mais une version existe. Je sais pertinemment qu’il y a eu au moins le pont alors je suis à peu près certain qu’il existe une version complète. Parce que quand il nous l’a joué pour la première fois, nous n’aurions pas su ce qu’était la chanson sans le chant…

Ces dernières années, tu t’es lancé en solo avec tes EP « Damaged » et « Obsessions ». Était-ce nécessaire dans ta volonté d’évoluer en tant qu’artiste et de composer seul ?

Oui, j’ai toujours fait de la musique. Je pense que tous les Jacksons font de la musique, qu’ils le fassent en privé ou en public : nous aimons tous faire de la musique et chanter. Je veux dire, la plupart d’entre nous, disons 90% d’entre nous, et je ne suis pas différent. Taryll faisait sa propre musique et ses propres projets, donc je ne savais pas combien de temps nous attendrions pour les 3T, alors j’ai commencé à écrire pour d’autres artistes, et une fois que j’avais écrit suffisamment de chansons, je me suis dit que je devrais peut-être simplement en sortir une ou bien un album. Je me suis lancé ! Ça plaisait à ma famille et à moi aussi, bien sûr : c’était très gratifiant pour moi sur le plan créatif de construire un projet, pas seulement musicalement mais avec l’image, et de le planifier, c’était très satisfaisant. Et me voilà, trois ans plus tard, qui continue ! Ce n’était pas le plan initial mais depuis que je fais ma propre musique, j’adore ça et c’est quelque chose que je ferai toujours, je pense. Cela ne veut pas dire que je ne serai plus un membre des 3T, mais je pense que je ferai toujours aussi ma propre musique parce que c’est tellement épanouissant et c’est quelque chose que mes fans méritent, donc je peux leur promettre que je ferai toujours de la musique, et je m’y tiendrai.


Tu as réalisé un nouvel album « Acoustic Sessions 1 », reprenant tes titres des EP, dont la sortie est imminente. Parles-nous de cet exil musical à Nashville (comme pour tes précédents EP), loin de L.A. En quoi cela a—t-il été bénéfique et est-ce un moyen de te ressourcer en tant qu’artiste dans ce cadre acoustique ?

J’avais une vie tellement remplie et un brin stressante qu’il était vraiment difficile pour moi de créer comme je le voulais à L.A. Alors, je prenais l’avion pour Nashville pour m’évader et écrire. Nashville est appelée « la ville de la musique » donc beaucoup de grands talents et de musiciens s’y trouvent. Un ami m’avait suggéré d’aller là-bas et d’écrire, juste pour me vider l’esprit, parce que c’est sain pour l’âme. J’y suis allé et j’ai commencé à le faire, et je suis tombé amoureux de la ville. C’est une belle ville, les gens sont si agréables et gentils, ils sont si talentueux et humbles, mais aussi efficaces dans ce qu’ils font, géniaux et passionnés. Je suis tombé amoureux de ce processus. Je me suis promis qu’en grande partie, ma musique serait faite à Nashville. Cela me donne l’opportunité quand je reviens à L.A. d’être un papa et de travailler sur d’autres choses, d’être un membre de la famille, d’être le meilleur tuteur possible pour mes cousins. Tous les trois mois, je m’absente une semaine à deux semaines pour remplir mon âme et faire de la musique : c’est ce que je fais depuis plus de cinq ans maintenant, et cela a été très sain pour moi, donc je pense que je continuerai dans cette voie.

Tu as évoqué le choix d’une reprise de « Human Nature », bien que tes influences musicales soient multiples. Est-ce un lien autant affectif que musical car avec la discographie de ton oncle, tu ne pouvais avoir que l’embarras du choix ?

Je voulais absolument que mes sessions acoustiques et tous mes projets de ce type contiennent une reprise. J’aime beaucoup des musiques qui sont sorties dans les années 80, 90 et 70. Je passais en revue les noms de ceux que je pourrais reprendre : je pensais à George Michael ou Phil Collins ou à une chanson des Beatles ou peut-être à Marvin Gaye. Je chantais beaucoup de ces chansons et mon producteur m’a dit : « Tu devrais reprendre ton oncle. C’est la toute première fois que tu fais une reprise et c’est l’artiste qui t’a le plus influencé. » Je ne sais pas pourquoi mais je n’avais jamais pensé à un membre de ma famille : ce n’était pas quelque chose que je voulais absolument faire. J’ai dit : « Ah, je ne sais pas si je veux reprendre un morceau de ma famille… » ​​Il a dit : « Pourquoi ? » Je ne savais pas si c’était la bonne chose à faire, alors j’ai dit que j’allais essayer mais je ne pouvais pas garantir que je continuerais… Il m’a demandé de lui donner une chanson que j’aimerais reprendre, et il y avait plein de chansons que j’aurais pu choisir mais j’ai porté mon choix sur « Human Nature ». Nous l’avons tentée et j’ai fini par vraiment l’apprécier. C’était une façon pour moi de rendre hommage à mon artiste préféré qui se trouve être mon oncle adoré. En l’interprétant, je voulais m’assurer de capturer ce que j’avais chanté tant de fois quand j’étais enfant parce que je voulais être et sonner comme mon oncle Michael, mais en même temps je voulais que ce soit unique et qu’il y ait des choses venant de moi. J’en suis très content car cela me rappelle ce que j’ai chanté des centaines et des milliers de fois en grandissant, sous la douche ou dans ma chambre, comme des millions d’autres personnes. C’était aussi émouvant parce que c’est une si belle chanson et j’ai ressenti une connexion avec mon oncle en l’enregistrant. J’ai ressenti son aide tel un guide et ce fut une expérience très puissante sur divers points que je n’avais jamais vécue en faisant de la musique auparavant. C’est l’une de mes chansons préférées de tous les temps, je chante quelque chose que mon oncle a chanté, je pouvais entendre sa voix la chanter, j’ai ressenti un lien avec lui, qu’il était fier de moi et de mon parcours, et de là où j’en suis dans la vie…

Je ne sais pas si tu l’as entendu mais à la toute fin, je prononce un « je t’aime » et c’est un message pour mon oncle. Personne ne l’a vraiment mentionné : c’était plus fort au départ mais je voulais que ce soit plus discret alors nous avons un peu baissé le volume. C’est une façon de dire « je t’aime » à mon oncle Michael.

Tu viens prochainement en Europe, pour présenter tes nouvelles chansons en acoustique, dans une ambiance intimiste. Comment appréhendes-tu cette première tournée en solo ?

J’en suis ravi, ça va être très cool et une belle expérience ! C’est maintenant que j’ai le plus le trac en tant que musicien. Je n’ai joué qu’avec mes frères pour les 3T, donc ça va être différent comme challenge. Je ne sais pas comment je me sentirai sans mes frères mais je suis très excité à l’idée de chanter pour mes fans, non seulement mes propres chansons mais aussi celles des 3T, des Jacksons et d’autres titres qui m’ont influencé. J’attendais donc ce moment pour performer en personne pour mes fans car il n’y a rien de tel pour être en communion avec eux. C’est le point culminant pour moi en tant que musicien. Chaque soir sera spécial. Je me sens si privilégié de faire de la musique. Je respecte ce que ça représente et j’aime cette forme d’art.

En tant que fils de Tito, guitariste des Jacksons, tu ne pouvais être qu’attiré par cet instrument. Ton père t’a-t-il soutenu pour apprendre la guitare et encouragé à réaliser une tournée acoustique ?

Mon père a tenté de m’enseigner la guitare quand j’étais jeune mais je n’ai jamais voulu apprendre. Je voulais juste jouer au baseball, jouer de la batterie et chanter. Ce n’est qu’au moment des 3T, vers 15 ou 16 ans, que je me suis mis à la guitare et que j’ai réalisé que, pour moi, c’était un outil qui facilite la composition. Alors j’ai commencé à lui poser des questions du genre « Quel type de guitare dois-je acheter ? » Un jour, il m’a dit : « Tu te souviens que j’essayais toujours de t’apprendre ? » Je me disais : « Oui, je sais, je suis tellement en colère contre moi-même parce que je serais encore beaucoup plus expérimenté ! » J’ai vu mon père jouer de la guitare à une époque où je ne voulais pas en jouer mais en vieillissant, j’ai fini par le faire. J’ai commencé à jouer beaucoup, à écrire de la musique et à chanter avec… C’est mon instrument préféré et quelque chose qui, selon moi, m’aide à devenir un meilleur musicien – cela est ancré en moi. J’aime tellement le son de la guitare acoustique que c’est une des raisons pour lesquelles j’ai voulu faire l’album « Acoustic Sessions ». Je pense que la musique peut être faite et appréciée de différentes manières. De manière brute avec une instrumentation simpliste est une autre excellente façon d’apprécier la musique. Je ferai de futurs projets uniquement acoustiques parce que je pense que ça sonne magnifiquement et que c’est quelque chose que j’aime faire. J’ai hâte de performer mais je ne sais pas combien de morceaux je vais jouer avec ma guitare durant le concert. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai la sensation qu’avoir les mains libres pour interagir et encourager le public est quelque chose de plus excitant pour lui, mais je jouerai au moins une chanson avec cet instrument parce que c’est la façon dont j’ai toujours envisagé de les interpréter.

Depuis le décès de Michael Jackson, ton père et tes oncles sont remontés sur scène et on ressent cette volonté de lui rendre hommage. Que ce soit en solo ou avec tes frères, est-ce que son départ a modifié également la façon d’appréhender cette montée sur scène ?

Je pense que nous rendrons toujours hommage à mon oncle. Il était une figure si importante dans nos vies, non seulement en tant que musiciens, mais en tant que personnes. Je le dis tout le temps : ma mère a été assassinée quand j’avais 16 ans et sans mon oncle Michael, je ne sais pas ce que je serais devenu. Je serais peut-être tombé dans la drogue, je pourrais être dépressif, je ne sais pas… Il y a eu d’autres personnes présentes dans ma famille et parmi mes amis, mais lui en particulier m’a vraiment aidé à m’en remettre. Il m’a aidé à apprendre qu’il y avait une meilleure façon d’appréhender cela et d’avancer, et je lui en serai toujours reconnaissant avec de la gratitude. Et en tant que musicien, il est définitivement ma plus grande influence, il est donc tout à fait logique de lui rendre hommage. J’ai assisté à de nombreux spectacles, de Chris Brown à The Weeknd, où ils rendent hommage à mon oncle Michael, il est donc logique que nous le fassions également. Ce n’est pas parce que nous sommes ses neveux que nous ne pouvons pas l’honorer. J’aime mon oncle Michael et je le chérirai toujours, et nous lui rendrons toujours hommage en interprétant sa musique et en la partageant avec notre public afin qu’il puisse la savourer en chantant et dansant. À chaque concert auquel je participe, tant que je peux faire plus de trois chansons, il y aura au moins une sorte d’hommage à mon oncle Michael. Lors des répétitions, quand on interprète « I Need You », on entend sa voix et c’est très émouvant pour nous aussi. C’est une chose très puissante parce que sa voix est si distincte, passionnée et forte, mais aussi belle et innocente, nous ressentons tout cela et cela vous frappe de plein fouet. Nous ressentons donc la même chose que le public.

Un message pour tous tes fans à qui tu donnes rendez-vous en Europe à la fin du mois de juin et juillet, s’il te plait.

J’aime chacun d’entre eux et je leur suis très reconnaissant de me soutenir, ainsi que les 3T et la famille Jackson. Cela a été difficile de faire de la musique pour diverses raisons, que cela vienne des médias, de l’industrie, en passant par les défis personnels… Mais ce sont les fans qui m’ont permis de continuer et de m’inspirer. Je suis éternellement reconnaissant envers chacun d’entre eux. Je vous aime, vous me manquez et j’ai hâte de vous voir !

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Merci à Touria !

BRICE NAJAR
FRANCE

Né à Annecy en 1979, il est l'auteur de quatre ouvrages liés à l'univers musical de Michael Jackson. "Itinéraire d’un passionné" et "The Jacksons : Musicographie 1976-1989" sont parus en 2013 et 2014. Chacun de ces deux livres, bien qu'indépendant, est donc le complément idéal de l'autre. Pour son projet suivant, Brice reste dans cette même thématique musicale mais dans un concept différent. "Let's Make HIStory", paru en 2016, est un recueil d'entretiens avec des protagonistes du double album "HIStory" de 1995. En 2020, l’auteur complète son sujet avec un nouvel ouvrage intitulé "Book On The Dance Floor". Une façon de décrypter le travail en studio du Roi de la Pop.

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