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Morris Pleasure

 

Les répétitions de « This Is It » resteront les derniers instants du Roi de la Pop sur une scène. J’ai rarement évoqué ce sujet mais mes échanges avec Morris Pleasure, claviériste et membre du groupe lié à ce projet, m’ont donné l’envie de l’aborder pour mon site. C’était également l’occasion de revenir sur le parcours de Morris qui a également joué avec Janet Jackson, Ray Charles, Earth Wind And Fire et tellement d’autres. J’en profite également pour saluer mon ami Marc Storey à qui j’ai pu remettre un exemplaire de mon livre, à l’attention de Morris, lors de mon dernier séjour londonien.

 

Tout d’abord, comment cette passion de la musique vous est-elle venue, au point de jouer de plusieurs instruments et d’en faire votre métier ?

J’avais 4 ans lorsque j’ai commencé le piano classique. Mes parents étaient enseignants et éducateurs, et ils ont vu en moi une forme de talent. J’ai commencé à l’église où on dispensait des cours gratuitement. Je jouais donc du piano, puis du violon : je jouais pour mon père qui était un très bon chanteur et je suis devenu son accompagnateur. En grandissant, je me suis investi dans différentes choses : orchestres, groupes de Jazz, musicien de chorale et ainsi de suite. Dans mon éducation, je n’étais pas autorisé à écouter trop de musique Pop : j’écoutais principalement de la musique classique car mes parents avaient l’ambition que je devienne pianiste concertiste ou chef d’orchestre. Ils n’étaient pas trop portés sur la musique Soul ou le Jazz. Mon père écoutait Nat King Cole qu’il aimait bien, mais encore une fois, comme ils étaient éducateurs (mon père était directeur d’école et ma mère enseignante) et très strictes, ils n’essayaient pas de me diriger vers la Pop ou la Soul.

En 1976, à l’âge de 14 ans, j’ai assisté à un concert d’Earth, Wind & Fire, et ça a été le moment déterminant pour moi car à cet instant, j’ai su que je voulais jouer ce style de musique ! C’est là que je me suis mis à la basse. Je jouais déjà de la trompette depuis l’âge de 12 ans. A cette époque, je faisais du piano, de la trompette, du violon et je prenais même des cours de batterie, et puis j’ai commencé la basse qui a toujours ma préférence aujourd’hui ! A partir de là, au collège puis au lycée, j’ai fait partie de groupes où nous jouions Earth, Wind & Fire et tous les groupes des années 70 qui comportaient une section de cuivres. Vous savez, j’ai grandi dans une petite ville du Connecticut où il n’y avait que des blancs, à l’exception de quatre familles d’Afro-Américains dont nous faisions partie, mon père étant le directeur d’une des écoles. Mes parents étaient originaires de Louisiane, de la région de la Nouvelle-Orléans. Chaque année, nous rendions visite à mes grands-parents, et j’allais à leur église baptiste. J’y écoutais le son Gospel et ça a déclenché des émotions en moi… j’ai compris qu’il y avait un lien entre mon âme et cette musique. C’est ce qui m’a aidé à trouver ma voie musicalement : la musique Soul !

Quel a été votre parcours à vos débuts en tant que professionnel ? Pouvez-vous nous raconter ces moments clés ?

Je suis allé à l’Université du Connecticut, à la base pour y étudier le Génie Electrique, mais je suis resté musicien professionnel en jouant dans des groupes, le soir : des groupes de Rock et de Country, et aussi de Jazz… Au cours de cette période, je suis allé voir un concert de Ray Charles pour notre fête des anciens élèves, et après le concert, je suis allé en coulisses pour essayer d’attraper un autographe, pourquoi pas… Le directeur musical de Ray Charles, Clifford Solomon, voulait boire une bière, alors je l’ai emmené au pub le plus proche et nous avons pris un verre. Je lui ai demandé comment faire pour entrer dans le métier et devenir musicien de tournée. Il m’a demandé de quels instruments je jouais et j’ai répondu : « Du piano et de la basse. » C’est là qu’il m’a confié que leur bassiste était sur le point de partir et qu’il en cherchait un nouveau pour leur prochaine tournée. Il m’a donné une adresse à laquelle envoyer une cassette de démo, ce que j’ai fait. Plusieurs mois plus tard, ils m’ont appelé ! C’était une énorme surprise car, à l’université, je n’étais pas étudiant en musique mais en génie électrique. Mes parents ne croyaient pas que je parviendrais à vivre de la musique et ils voulaient un métier plus sûr pour moi. Ray Charles m’a appelé lui-même, alors que j’étais à l’internat (rires), et à partir de là, c’est une longue histoire qui m’a amené à partir en tournée avec lui. Pour faire court, je me suis présenté à l’audition et je ne suis pas parti en tournée avec lui cette année-là, mais deux ans plus tard, ils m’ont rappelé et je suis parti avec eux en 1986. J’ai fait le tour du monde (France, Angleterre, Brésil, Japon…) très tôt dans ma vie puisque j’avais 23 ou 24 ans à l’époque. Ce fut une expérience très enrichissante car Ray Charles était un patron assez dur, en particulier avec les musiciens, mais j’ai beaucoup appris !…

Un moment important de votre carrière est lorsque vous devenez membre d’Earth Wind & Fire. Pouvez-vous nous raconter cette collaboration et votre rôle dans le groupe ?

En 1993, George Duke m’a recommandé, non pas au groupe Earth, Wind & Fire pour commencer, mais à Philip Bailey pour travailler sur un album solo. Lorsque Philip est venu chez moi, j’étais clairement en admiration. Je lui ai donné une cassette de mes démos qu’il a transmise à Maurice White. Le timing était parfait car ils avaient décidé de reformer Earth, Wind & Fire cette année-là. Philip s’est souvenu de moi et il m’a appelé pour me demander de rejoindre le groupe. L’année suivante, Maurice White a décidé de ne pas partir en tournée avec le groupe qui a dû prendre le risque de partir sur les routes sans lui. Cette même année 1994, Philip m’a donné le poste de Directeur Musical que j’ai conservé jusqu’en 2001. Ma fonction en tant que musicien était celle de claviériste. En tant que Directeur Musical, j’étais chargé de monter le concert avec Philip en amont des répétitions car il y avait un certain nombre de chansons qui nécessitaient de nouveaux arrangements etc… A cette époque, cela faisait plus de 20 ans que le groupe les jouait, et ils souhaitaient constamment se renouveler. Philip et moi nous sommes penchés sur la chanson « Getaway » et on se demandait ce qu’il fallait faire. Philip a lancé : « Double solo de basse ! Toi et Verdine ! » C’était un peu fou parce que, quand j’étais gamin, je rêvais d’intégrer Earth, Wind & Fire, mais comme bassiste, du genre : « Prenez-moi, s’il vous plait ! Je connais tous les morceaux ! » (rires) Et tout à coup, j’y étais pour de vrai, pour un duo de basse avec l’un des héros bassistes que je vénérais quand j’avais 14 ans. C’était surréaliste !

Quel regard portiez-vous sur Michael Jackson et sa musique avant de collaborer avec lui ?

Je suis fan de Michael Jackson depuis l’âge de 8 ans, et nous avons quasiment le même âge. Avec ses frères, ils avaient une émission de télévision, un dessin animé qui passait le samedi matin… donc j’étais un très grand fan de Michael. Je n’avais jamais imaginé travailler avec lui, et comme vous le savez, cela faisait presque 10 ans qu’il n’était pas parti en tournée, ce qui fait que lorsque j’ai entendu parler de This Is It, je n’ai jamais pensé pouvoir passer une audition.

Comment avez-vous été engagé pour être dans le groupe du projet This Is It, en tant que claviériste ?

En fait, au moment où j’ai eu l’info, le groupe était déjà constitué. C’est mon épouse, Lori, qui m’en a parlé en premier car les épouses de musiciens se côtoient et discutent, et parfois elles ont des informations. En l’occurrence, la femme d’un ami proche avait lancé : « Eh, tu sais quoi ? Il parait que Michael Jackson va repartir en tournée ! » Lori m’a suggéré : Pourquoi tu ne contactes pas Michael Bearden et Michael McKnight ? », car elle savait qu’ils faisaient tous les deux partie de l’aventure. Mais j’ai tempéré : « Non, non, laissons faire les choses. Si ça doit arriver, ça arrivera. » Je n’ai jamais été du genre à me vendre. A chaque fois que j’ai participé à un concert, c’est parce que quelqu’un avait entendu parler de moi et de mes compétences. Mon ami claviériste, Michael McKnight, m’a également recommandé d’entrer en contact avec Michael Bearden qui était le directeur musical. Je connais Michael Bearden depuis la fin des années 80, et je me suis donc permis de lui envoyer un petit mot pour lui demander de bien vouloir penser à moi s’il cherchait quelqu’un pour le poste de 2nd claviériste. Il m’a répondu qu’ils avaient déjà quelqu’un mais que nous restions en contact. Par la suite, l’autre claviériste n’a finalement pas pu participer à la tournée This Is It, et donc, trois semaines plus tard, j’ai reçu un appel : « Est-ce que tu peux te joindre à nous ? » Quand je suis arrivé, j’avais trois semaines de retard, donc j’ai dû apprendre toutes les chansons, mais ce n’était pas si compliqué car j’en connaissais la plupart, et en une semaine, j’avais déjà rattrapé mon retard.

Avez-vous souvenir de votre première rencontre et interaction avec Michael Jackson ?

Il n’y a pas eu tant de communication que ça avec Michael : ma première rencontre avec lui se résume en fait à un check ! Quelqu’un a lancé une blague sur ce geste, et nous nous sommes regardés en rigolant, et voilà ! C’était ma première interaction avec lui. Mis à part ça, nous nous sommes vus qu’aux répétitions. Il me semble que, dans le film, ils ont inclus la scène où il nous parle à tous, à travers un discours d’encouragements, et il nous serre la main un à un en nous remerciant. Ce fut le seul autre moment de contact personnel que j’ai eu avec lui. Le reste, ce n’était qu’à travers la musique et les répétitions. Je l’appréciais vraiment beaucoup et j’ai eu la sensation que si nous avions eu l’opportunité de réellement travailler ensemble, j’aurais pu le connaitre un peu plus. J’ai le sentiment que nous nous serions probablement bien entendus…

Avec Michael Bearden, vous étiez de nouveaux collaborateurs sur scène pour Michael Jackson, après une longue absence. Est-ce que cela impliquait beaucoup de préparation avec lui pour trouver les bonnes programmations et sonorités de claviers ?

A ce moment-là, beaucoup de choses étaient déjà en place car nous avions des programmeurs dans l’équipe et chacun des membres du groupe était formidable : Sugarfoot, Orianthi, Judith… Nous nous sentions comme une vraie famille et chacun connaissait sa place et son rôle, donc tout allait très vite. Tous les sons de mon clavier se trouvaient dans des splits car j’avais quatre claviers, et chacun d’entre eux pouvait contenir une multitude de sons : par exemple, un clavier pouvait contenir quatre pads sonores, y compris des explosions. Tous les effets sonores étaient joués sur les claviers. Il n’y avait pas d’autre moyen de procéder : il fallait simplement observer Michael, et s’il faisait un geste, c’était le signal. Il fallait aussi être capable de lire dans ses pensées, et il nous testait un peu en faisant des gestes différents à chaque fois ! (rires) C’était un type génial avec un grand sens de l’humour : on a beaucoup rigolé !

Au sujet des programmes et des sons, ce fut l’opportunité de travailler avec un technicien tel que Michael Prince.

Oui, Michael Prince était là, bien évidemment : il connaissait très bien Michael Jackson et ils avaient travaillé sur de nombreux projets ensemble. J’ai moi-même travaillé de nouveau avec Michael Prince depuis : c’est un gars super et un professionnel accompli. Je suis heureux qu’il ait la chance de continuer à faire vivre l’héritage de Michael. Quand nous préparions This Is It, il y avait des services de sécurité pour surveiller tous les enregistrements issus des répétitions. A la projection en avant-première du film organisée par Sony, on ne nous a pas fouillés, mais on nous surveillait à la sortie au cas où quelqu’un en aurait réalisé un enregistrement vidéo.

Michael Jackson n’avait plus intégré de cuivres depuis le Triumph Tour en 1981 avec les Jacksons. Comment est venue l’idée que vous jouiez de la trompette, et pour quelles chansons ?

J’ai moi-même suggéré cette idée. Je suis allé en studio avec un programmeur reconnu, David Polich, et j’ai joué diverses notes et articulations (des trilles, des appogiatures etc…) que nous programmions dans mes claviers et ajoutions aux sons déjà présents. Dans This Is It, on peut voir la séquence où Michael nous dit : « Lâchez-vous ! » Alors, je me suis dit : « Eh bien, je vais amener ma trompette et on verra bien si je peux l’utiliser à certains endroits. » J’ai joué la ligne des cuivres ainsi que de la trompette sur quelques sessions, et pour tout vous dire, je venais juste de commencer, en fait, quand Michael est mort… Je recherchais quelque chose qui attirerait l’attention sur scène, et c’était cool d’avoir la trompette parce qu’ainsi, on me remarquait davantage. La chanson « Jam » est celle dont je me souviens le plus. (Il chante la ligne des cuivres jouée au clavier sur la version studio.) Je pouvais la jouer au clavier et à la trompette en même temps.

Avez-vous une anecdote marquante à partager lors de ces répétitions?

La première fois que nous avons répété « Billie Jean » était assez mémorable. C’est présent dans le film, mais il faut se souvenir que c’est une performance en solo de Michael. Tout au long des répétitions, nous devions jouer sans aucun public. Le truc avec This Is It, c’est que parfois les gens oublient que le niveau d’énergie que nous y mettions n’était probablement qu’à 80% de ce qu’il aurait été pendant les concerts. Cette répétition en particulier fut la première où Michael répéta « Billie Jean » avec les effets sonores de la séquence où il se dirige vers la valise et en sort le gant, avant que la musique ne démarre. Un autre point important était le fait que je devais me souvenir de jouer une explosion sur la dernière note de la chanson ! (rires) A la fin de cette première répétition de « Billie Jean » avec MJ, au moment du solo de batterie et du free-style de danse de Michael, il devait se trouver à 3 ou 4 mètres de moi et j’aurais presque pu le toucher. Mais je devais prendre garde de ne pas me faire happer par le spectacle comme un spectateur lambda car j’aurais pu en oublier ma tâche, tellement c’était incroyable de voir un homme de 50 ans pratiquer ses pas de danse pour la première fois depuis longtemps. Tous les danseurs devenaient dingues parce qu’il bougeait comme s’il avait 20 ans, vous voyez. Et moi, je regardais avec des yeux de fan mais tout à coup, je me suis dit : « Il ne vaut mieux pas que j’oublie l’explosion à la fin sinon je vais me faire virer ! »

Vous avez cette particularité d’avoir également été claviériste pour Janet Jackson lors de sa tournée All For You en 2001/2002. Quels sont les points communs et différences que vous avez perçus entre Janet et Michael concernant leurs interactions avec un groupe et la façon d’aborder un show ?

Oui, il y avait des différences mais également beaucoup de similitudes. Vous savez, dans tous les concerts auxquels j’ai participé (Christina Aguilera, David Foster, Maxwell…), il y avait certaines choses qui étaient très établies. En gros, il faut être là et faire son travail, ne pas poser de questions et s’assurer que l’artiste se sent bien… Tout ce que vous faites doit tendre vers l’accomplissement de votre tâche. Il ne s’agit pas d’aller au-devant de Michael et de dire : « Hey, comment ça va ? Tout va bien ? » Ce n’est jamais ce type de relations durant les répétitions. Cependant, Janet se montrait très amicale avec les danseurs. Parfois, les musiciens et les danseurs étaient séparés, et l’artiste voyageait avec les danseurs, ou bien les musiciens voyageaient avec l’orchestre, ce genre de choses. Il y avait beaucoup de choses que Janet avait pris de Michael, pas seulement en matière de style mais aussi dans la façon de diriger la scène, parfois même d’un simple geste du doigt. Au-delà de ça, c’était tous les deux des personnes très agréables.

Nombreux sont ceux qui pensent que Michael Jackson était anxieux et stressé à l’idée de réaliser ces concerts. Avez-vous ressenti ainsi les choses ?

Nous étions très confiants. Face à nous se trouvait un panneau qui affichait : « plus que 11 jours !… Plus que 10 jours !… » Il me semble que la dernière fois que nous l’avons vu, c’était « Plus que 9 jours… » car nous avions quelques répétitions prévues à l’O2. En fait, le jour où Michael est mort, je me souviens qu’on nous avait annoncé qu’il arriverait un peu plus tard, et en général, quand je dispose d’un peu de temps comme ça, je bidouille, j’essaie de régler le son et de s’assurer que tout est au point avec la guitare… Mais je me souviens aussi que je me suis assis à côté de Sugarfoot Moffett sur une caisse de matériel, à l’extérieur d’un des bureaux, et qu’il m’a dit : « Je m’inquiète pour Michael. » J’ai fait : « Vraiment ? Tu rigoles ! » Je ne savais pas ce qu’il voulait dire mais il connaissait Michael depuis 30 ans. Il a continué : « Il faut que nous soyons unis dans le groupe. Il a besoin de nous, là. Je vois bien que quelque chose ne va pas. Je lui ai donné une accolade et j’ai pu faire tout le tour de son corps avec mes bras : il ne se nourrit pas comme il le devrait… Quelque chose cloche… » Alors, j’ai répondu : « Ok, mec, évidemment, tout ce que tu voudras, tu peux compter sur moi, je suis là ! » Et le lendemain, Michael est mort…

De quelle manière avez-vous appris son décès alors que vous deviez monter sur scène avec lui, à Londres, seulement trois semaines plus tard ?

Quand j’ai entendu les informations, je devais encore me rendre aux répétitions ce jour-là, alors je me disais, « Eh bien, c’est Michael Jackson et les infos disent qu’il est mort mais je ne vais pas le croire jusqu’à temps que j’arrive là-bas, parce que ça peut tout aussi bien être une rumeur et si ça se trouve, il va embarquer tout le groupe à Bora-Bora ou que sais-je ! » Mais quand je me suis arrivé devant le Staples Center, il y avait la police et des cordons de sécurité partout : c’est là que j’ai compris que c’était vrai… Je me suis garé et je suis entré. Nous devions signer avant d’accéder au site et Sugarfoot était là en train de signer mais tout son corps semblait… Je ne saurai pas l’expliquer… c’était comme si il avait perdu son âme… Je suis allé vers lui et il m’a dit : « Tu te souviens de ce que je t’ai dit hier ?… » C’était vraiment dur… Et puis, ensuite, bien sûr, nous avons joué au Mémorial et c’était vraiment difficile d’être sur la même scène que celle où nous avions répété… C’était une sensation horrible…

Aujourd’hui, vous arrive-t-il de revoir le film « This Is It » ? Et à ce sujet, est-ce la tristesse ou la fierté qui domine ?

J’ai dû le voir peut-être 3 ou 4 fois : deux d’entre elles étaient des séances à Los Angeles. Nous avions eu une séance chez Sony, puis une avant-première sur tapis rouge au Nokia Theater. Depuis, j’ai dû le voir deux ou trois fois, dont une avec des amis. Je ne l’ai pas revu depuis des années mais je suis content que le film existe : c’est juste que je ne le regarde pas… C’est étrange parce que je ne pensais pas que j’aurais la chance de travailler avec Michael Jackson un jour, et en même temps, nous ne sommes jamais partis en tournée… C’est une bénédiction bien sûr, et en réalité de nos jours, je gagne en exposition du fait d’avoir travaillé avec Michael et aussi grâce au film. Nous ne savions pas que les vidéos des répétitions finiraient sur un tel support : on nous filmait quotidiennement pour que Michael puisse regarder le spectacle et faire des ajustements.

En conclusion, quelle part prennent ces mois de répétitions dans votre carrière ?

Eh bien, en 2009, j’ai commencé à monter un projet musical, un hommage à Michael Jackson que je n’ai pas encore présenté, mais je dispose d’une vingtaine de chansons. Il sortira mais pas pour l’instant, car je recherche surtout à montrer de l’admiration et du respect pour la musique. Michael avait tellement de dons qu’à de nombreuses reprises, ce qui a été fait sur lui abordait ses incroyables talents de danseur. Evidemment, la musique parle d’elle-même avec Quincy Jones, Greg Phillinganes, John Robinson, Bruce Swedien… Ils font tous partie de mes amis aujourd’hui, et je connais des tas d’histoires sur la production musicale. Mais mon but est de faire un hommage musical d’une façon différente, donc j’ai pris chaque chanson et je les ai reprises dans un style différent. Par exemple, « Another Part of Me » dans le style de « So What » de Miles Davis. Il y a aussi une version de « Human Nature » uniquement à la guitare. De nombreux musiciens du monde entier se sont impliqués et les gens ont commencé à me dire : « Tu sais quoi ? J’ai écrit une chanson pour Michael ! » On m’a proposé d’innombrables chansons Country, R & B… J’en ai reçu de partout : c’était incroyable ! Il me fallait donc obtenir les autorisations de les utiliser et tout ce qui s’ensuit… Sur certains morceaux, j’ai des sessions de cordes et des parties, mais je n’ai pas encore trouvé la meilleure manière de les diffuser, et je souhaite vraiment l’accord de la famille Jackson, même si je sais que c’est quelque chose de très, très difficile à obtenir !… Bien que j’ai joué avec Tito, Janet, Michael Jackson, Marlon, tous les Jacksons… Je vais sans doute devoir sortir ce projet de façon indépendante, et j’ai même envisagé de créer un site internet ou une chaîne Youtube entièrement voués à rendre hommage à MJ, où les gens pourraient contribuer tandis que je pourrais y sortir du contenu.

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BRICE NAJAR
FRANCE

Né à Annecy en 1979, il est l'auteur de quatre ouvrages liés à l'univers musical de Michael Jackson. "Itinéraire d’un passionné" et "The Jacksons : Musicographie 1976-1989" sont parus en 2013 et 2014. Chacun de ces deux livres, bien qu'indépendant, est donc le complément idéal de l'autre. Pour son projet suivant, Brice reste dans cette même thématique musicale mais dans un concept différent. "Let's Make HIStory", paru en 2016, est un recueil d'entretiens avec des protagonistes du double album "HIStory" de 1995. En 2020, l’auteur complète son sujet avec un nouvel ouvrage intitulé "Book On The Dance Floor". Une façon de décrypter le travail en studio du Roi de la Pop.

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